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La crise sanitaire a mis en lumière les faiblesses du secteur du transport et de la logistique

13 oct. 2020 Libération

Epreuve inédite et extrêmement difficile, le confinement a impacté le secteur du transport et de la logistique au Maroc. Entre 50 et 70% des transports étaient à l'arrêt. Un véritable choc qui a conduit les acteurs du secteur à tirer des leçons pour envisager un avenir plus serein.

Des pistes ont été évoquées lors de ce webinaire de la Chambre de commerce britannique pour le Maroc, intitulé “Transport & logistique : impact de la pandémie”. Organisé jeudi 8 octobre dernier, plusieurs acteurs publics et privés de premier plan ont livré leurs visions et témoignages. Alors que le secteur du transport pèse 6% du PIB et contribue pour 15% aux recettes fiscales de l'Etat, Noureddine Dib, directeur des transports terrestres et de la logistique au ministère de l'Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau, a tenu à rappeler le défi de la formalisation du secteur. Un défi essentiel “pour avancer”. “Cette crise nous a permis de mieux saisir l'importance de l'informel”, a déclaré le responsable ministériel.

Il a aussi noté que les entreprises du secteur sont fragiles même avant la pandémie, puisqu’il s’agit des microentreprises dont 86% réalisent un chiffre d’affaires inférieur à 3 millions de dirhams (MDH) par an avec une part importante de l’informel. Au vu de la non-conformité de plusieurs employeurs à la règlementation sociale, il y a beaucoup d’employés non déclarés à la CNSS, qui ont été incapables de bénéficier des mesures de soutien instaurées par le gouvernement en faveur des secteurs touchés, a-t-il déploré. Aujourd'hui, un nouveau contrat programme du secteur est en cours. “Il faut que tous les représentants du secteur se mettent autour de la table”.

Rappelant que ce contrat programme sera notamment axé sur la gouvernance du secteur, Noureddine Dib a insisté sur la nécessité de se doter d'un observatoire qui permettra d'affiner les actions publiques à entreprendre pour le secteur. De son côté, Hicham Mellakh, président de la Commission de la compétitivité logistique et énergétique de la CGEM, a dressé les pistes qui pourraient permettre,selon le patronat, de sortir “plus fort” de cette crise. Parmi elles : une réforme de la TIC (taxe intérieur de consommation) pour “soulager les trésoreries des entreprises marocaines”. L'idée d'un tarif dégressif aux péages autoroutiers pour les acteurs dits “formalisés” a aussi été évoquée. “Cela pourrait inciter les transporteurs de l'informel à nous rejoindre”. Aussi, le digital et la formation aux multi-transports doivent être érigés en priorités dans les prochaines années. Deux axes de développement auxquels a souscrit Mohamed Ifrah, directeur général de DHL Maroc.

Acteur privé de référence mondiale dans le transport et la logistique, DHL a “aidé des entreprises marocaines à se digitaliser durant cette crise”, a fait savoir son représentant marocain. Si au Royaume, l'entreprise a pu bénéficier d'une expertise internationale en amont avec de premières expériences de gestion de cette pandémie en Chine ou en Europe, cette crise a montré la nécessité d'”innover” et “regarder de près les nouvelles technologies comme la robotique et l'IA”. Enfin, Aissam Ech-Chabbi, directeur de la stratégie, des études et de l'information à l'Agence marocaine de développement de la logistique, a rappelé que certaines bases de la stratégie nationale de la logistique restent à consolider. “La logistique est vue aujourd'hui comme un secteur de soutien à l'économie nationale alors qu'elle peut être un vecteur de développement”. Innovation, formation et investissements doivent rythmer les années post-crise. Preuve en est : le e-commerce qui a connu une croissance exponentielle durant cette crise. “Son développement va nécessiter de nouvelles capacités de stockages multimodales”.

Malgré des pertes d'emplois et fermetures d'entreprises, la crise du Covid-19 a mis en lumière les faiblesses du secteur du transport et de la logistique. La loi de Finances 2021 et le plan de relance peuvent constituer un point d'appui important à un nouveau départ. La signature d'un nouveau programme et l'ouverture aux nouveaux défis sont un prérequis indispensable à l'émergence d'une nouvelle ère du transport et de la logistique au Maroc.

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