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La crise du commerce extérieur comme vecteur de croissance

15 sept. 2020 Libération

La crise sanitaire a entraîné dans son sillage un bouleversement des paradigmes du commerce mondial, avec comme toile de fond une perturbation majeure des chaînes logistiques et une atonie de la consommation et de la production. Or, ce changement de donne pourrait constituer, à quelques égards, un catalyseur de changement vers un commerce plus prospère.

Au Maroc, cette crise n’a pas été sans effet sur la performance du commerce extérieur, les dernières statistiques de l’Office de changes font notamment état d’une baisse de 17% à 140 milliards de dirhams (MMDH) des exportations et de 17,5% à 240 MMDH des importations entre janvier et juillet 2020, et ce en comparaison avec la même période de l’année dernière.

Mais bien au-delà des chiffres, la crise a posé de nouveaux défis inhérents tout particulièrement à l’amélioration de la compétitivité du commerce extérieur national, à travers l’incarnation d’un degré élevé de proactivité et de perspicacité, qui soit à même de scruter les opportunités et chasser les menaces, le tout dans un esprit d’innovation et de modernité. Pour le DG de PortNet, Jalal Benhayoun, la pandémie de Covid19 est unique à bien des égards, mais il n’en reste pas moins que “celle-ci est pour nous une opportunité pour tirer les bonnes leçons notamment en ce qui concerne le rôle central d’activités économiques telles que la logistique, la distribution et le commerce extérieur”.

Dans un entretien à la MAP, le DG du Guichet Unique National du Commerce Extérieur, fait savoir que dès les premières prémices de la crise sanitaire, PortNet a adopté une démarche proactive et anticipée dans le cadre de son plan de continuité d’activité. L’objectif étant “de prendre en considération les nouvelles donnes, risques et menaces qui planent sur les activités”.

“Grâce à un business modèle basé sur la confiance collective, qui marque une rupture avec les modèles traditionnels, PortNet et son écosystème continuent à multiplier les initiatives et les innovations en vue d’accélérer l’intelligence communautaire tout en contribuant au renforcement de la capacité d’anticipation et de prévision des opérateurs et des administrations quant aux flux import-export”, fait-t-il valoir.

De l’avis de notre interlocuteur, la crise que nous vivons est “une démonstration grandeur nature de ce que le digital peut fournir à notre économie et à notre société. C’est la plus grande campagne de conduite de changement que nous avons jamais vu en faveur de l’appropriation du numérique”. En effet, le digital se trouve dans l’ADN du PortNet qui a réussi à généraliser, à ce jour, plus de 120 services digitaux au profit d’une communauté d’opérateurs économiques de plus de 55.000 usagers avec une couverture nationale de tous les points de commerce transfrontaliers maritimes, aériens et terrestres, confie son directeur général. C’est d’ailleurs dans le cadre d’une démarche graduelle que la communauté autour de PortNet a simplifié, harmonisé et dématérialisé toutes les démarches administratives et non administratives requises pour l’import et l’export, précise M. Benhayoun.

Dans la même veine, la communauté de PortNet a accéléré, et même en pleine période de confinement, le rythme de dématérialisation et développement de nouveaux produits et services à travers le raccordement de 6 nouvelles administrations publiques à PortNet et l’accélération de plusieurs chantiers de digitalisation avec le lancement de nouveaux services. Il s’agit de la Demande de Franchise Douanière, Déclaration Sommaire de Dépotage, Bon A Délivrer Maritime, Routier et MEAD, Paiement Électronique des organismes de contrôle des produits industriels, Manifeste aérien... Pourtant, d’après M. Benhayoun, “le digital, jusque là est resté peu exploité comparé au potentiel qu’il présente pour notre modèle de développement économique et social”. Pour lui, la technologie et le digital devraient être considérés comme “le cœur du métier de toutes les industries”, notamment les secteurs publics, ceux de la logistique, de la banque et du commerce en général. Car, argue-t-il, le digital et les technologies, bien appréhendés, peuvent constituer “l’avantage compétitif ultime pour la différentiation et l’excellence surtout en ces temps particuliers”. Plus encore, le digital couplé aux technologies de rupture telles que les Big Data, IA, Machine Learning, peut être un outil incontournable pour “renforcer nos dispositifs proactifs” et pour nous permettre de mieux coordonner nos plans de riposte en renforçant nos capacités d’anticipation et d’interprétation des signaux extérieurs même les plus faibles, ajoute-t-il.

Si ces signaux peuvent constituer des alertes de menaces dans certains cas, ils peuvent présenter, dans d’autres, d’innombrables opportunités qu’il conviendrait de saisir pour améliorer l’attractivité du commerce extérieur, renforcer l’offre exportable et préserver l’emploi. 

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