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Fonds Mohammed VI pour l’investissement: Les premières conventions quasi prêtes

21 janv. 2021 L'Economiste

Pièce maîtresse du plan de relance post-Covid, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement attend les premiers financements. Créé par la loi  76-20, ce fonds sera dans un premier temps doté de 15 milliards de DH alloué du budget général de l’Etat. Tout l’enjeu réside dans la  mobilisation des ressources nécessaires auprès des institutionnels et des acteurs privés.

L’Etat table sur  30 milliards de DH pour atteindre, au total, une enveloppe de 45 milliards de DH. Les premières conventions seront signées au cours des prochains jours, en particulier avec les institutionnels marocains. «Nous apportons les dernières retouches», indique Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des Finances. Les banques seront les premières à ouvrir le bal.

Le succès de ce fonds  dépendra de sa capacité à attirer un nombre important d’investisseurs dans les grands projets structurants. «Le recours au secteur privé et aux institutions financières telles que les caisses de prévoyance sociale, les assurances et les banques s’est imposé, dans le contexte actuel, comme solution alternative à l’émission de nouveaux emprunts compte tenu du niveau actuel d’endettement», estime le Centre marocain de conjoncture.

Si l’Etat consent  au partage du risque avec les investisseurs privés, c’est surtout pour  faciliter leur implication dans les grands projets d’investissement dans le cadre des opérations de partenariats publics-privés.

Avec ce mode de financement, le Fonds Mohammed VI pour l’investissement se démarque des autres fonds qui se retrouvent limités dans leurs interventions en raison de l’insuffisance de ressources et du fait de l’absence de dispositifs leur permettant de bénéficier de la participation du secteur privé.

Ceci étant, le capital du Fonds Mohammed VI pour l’investissement peut être ouvert à hauteur de 49% à d’autres actionnaires. Mais pour la préservation du caractère public, leur part ne va pas dépasser 33% du total. Ce fonds aura plusieurs missions dont l’accompagnement et le financement des grands projets structurants.

«Il devrait en premier lieu s’impliquer dans le programme de développement des infrastructures de base engagé par l’Etat depuis plusieurs années», soutient le CMC. Ce qui devrait répondre à un double objectif: soutenir les structures de production, améliorer leur productivité face à la concurrence et créer l’emploi à travers le lancement des grands chantiers structurants.

Pour les experts du CMC,  les réseaux autoroutiers, portuaires, d’énergie électrique et des nouvelles technologies de l’information et des communications présentent des effets multiplicateurs importants pour l’ensemble des activités commerciales, industrielles et de services.

Ce fonds sera également organisé autour d’un certain nombre de fonds thèmatiques: la PME, le tourisme, la restructuration industrielle, les infra-structures, l’innovation et les nouvelles technologies ainsi que l’agriculture.  Il pourra ainsi participer à travers ces fonds thématiques dans le capital des petites et moyennes entreprises et aussi  dans celui des grandes entreprises évoluant dans des secteurs jugés prioritaires. En attendant la mise en place des différentes structures, le Fonds agira via un compte d’affectation spécial.

                                                                          

Les recommandations du CMC

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement devrait saisir les opportunités qui se présentent avec la nouvelle tendance de relocalisation des activités industrielles apparues sous le choc pandémique. «Les changements attendus dans les flux commerciaux à l’échelon international ouvriront de nouvelles possibilités de production et d’échanges sur les marchés de proximité du Maroc, comme celui de l’Europe. Le Fonds pourrait évidemment s’engager dans des projets d’investissement qui s’inscrivent dans la dynamique de relocalisation en Europe et dans son voisinage», souligne le CMC. Il recommande aussi une autre voie complémentaire, à savoir celle de la substitution à l’importation. «Le Maroc a montré un potentiel réel de production au niveau local de nombreux produits importés, notamment d’Asie. Ce potentiel peut être exploité progressivement avec le concours du Fonds pour étoffer la base industrielle du pays, contribuer à une plus grande intégration intrasectorielle de l’économie et atténuer le déficit commercial». Dans l’agriculture et les activités connexes, le Maroc s’est engagé sur l’accroissement de la production agricole, l’amélioration des revenus dans le monde rural et l’inclusion des populations rurales. Ce qui  nécessite un accompagnement des investisseurs dans ce domaine et leur soutien à travers une implication importante du Fonds. Il en est de même des autres secteurs qui bénéficient de programmes spécifiques de l’Etat.

Khadija MASMOUDI

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